DeSIRA_BEN (TAERA)
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Bénin
« Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends » ! Se fondant sur cette citation de Benjamin Franklin, le Ministère de l’Agriculture de l’Élevage et de la Pêche en collaboration avec Enabel au Bénin et l’Union Européenne ont décidé de promouvoir des pratiques agricoles durables à travers les Champs Ecole Paysans (CEP).
Au Bénin, 80 % des 11 millions d’habitants dépendant de l’agriculture. La majorité des agriculteurs pratique une agriculture conventionnelle avec toutes les conséquences qu’on lui connaît. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), les pesticides font partie des premières causes de décès par auto-empoisonnement, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. En effet, des études montrent qu’au Bénin, plus de 40 espèces aquatiques ont disparu des eaux du fait de l’usage des pesticides chimiques de synthèse. Les résidus de pesticides chimiques de synthèse se retrouvent donc dans les cours d’eau, les sols, mais aussi dans les aliments que nous consommons, les rendant ainsi contaminés et risqués pour la consommation. Toutes les cultures sont concernées par ce problème.
Ce système de culture s’est ancré dans les habitudes depuis plusieurs décennies et présente une relative facilité qui manquerait à l’agroécologie. Mais les revers de cette facilité apparente sont importants à prendre en considération.
Pour amener les producteurs de façon progressive vers une agriculture plus écologique qui respecte aussi bien l’environnement que la santé humaine, le projet Transition Agro-Ecologique par la Recherche Agricole a opté pour l’apprentissage de pratiques agroécologiques innovantes au sein des Champs-Ecole Paysans (CEP) qu’il appuie. A ce jour, 21 CEP sont installés dans les filières riz et maraîchage. Le champ-école paysan représente un lieu d’apprentissage et d'expérimentation par les producteurs. Il est aujourd’hui l’une des nouvelles approches non formelles d’éducation des adultes qui s’est considérablement développée comme alternative aux méthodes de vulgarisation traditionnelles (dites "top down"). Cette approche permet également de créer ce lien indispensable entre les chercheurs et les producteurs pour tester et diffuser des innovations adaptées aux contextes locaux.
Pour la filière riz, ce sont 13 CEP qui sont installés sur les 15 prévus d’ici 2024. Ils portent sur les techniques d’irrigation intermittente ou humidification et séchage alternés (SWD), le Système de Riziculture Intensive (SRI) associé à la technique de l'urée enrobée à l'huile de neem, sur les tests de variété orylux à cycle court et résiliente au changement climatique, sur le test de Vermis compost, et sur le SRI associé au vernis compost. Ces CEP sont suivis par 25 riziculteurs dont un relai. Les thématiques abordées portent une attention particulière sur la gestion intégrée de l’eau, la gestion de la fertilité du sol et le recyclage de résidus jusque-là inutilisés.
Mais qu’est-ce donc alors que l’agroécologie ?
Retenons qu’il n’existe pas de définition univoque de l’agroécologie. Elle est décrite comme un ensemble de pratiques agricoles, une science ou un mouvement social. Quoiqu’il en soit, l’agroécologie apparaît comme une alternative crédible à l’agriculture dite conventionnelle, en privilégiant des modèles familiaux durables, respectueux de l’environnement, économiquement performants, porteurs d’un développement humain, soucieux de la sécurité alimentaire et de la santé des populations. Elle se base sur les savoirs endogènes pertinents.
Le processus aboutissant aux CEP, suivi par le projet de Transition Agroécologique par la Recherche Agricole (TAERA), commence par une sélection participative et inclusive des producteurs devant constituer une classe. Ainsi, dans la filière riz où ces CEP sont installés, l’effectif des classes est en moyenne de 25 producteurs dirigés par un producteur relais qui tient le lead de la classe. Cette méthode donne d’excellents résultats aussi bien du point de vue des techniques apprises que de l’organisation. Au total, à cette étape, 303 producteurs dont 132 femmes participent à ces classes, les CEP.
Dans le village de Dévé dans la commune de Dogbo, monsieur NOUMOU Codjo Joseph est le relais d’un des CEP installés dans son village. Âgé d’une quarantaine d’années, il a suivi les formations qui lui permettent de tenir de main de maître sa classe. Il restitue à celle-ci et au sein du CEP les différentes formations techniques pratiques auxquelles il participe dans le cadre du projet afin d’améliorer leur manière de produire du riz.
Témoignage« Je n’avais encore jamais participé à une classe de formation pratique sur la production du riz et adaptée à moi et aux autres producteurs. Maintenant, que je suis un peu comme le maître de la classe, j’apprends à mieux m’organiser et à organiser ma classe dans les activités culturales, mais pas que cela ! Les techniques qu’on nous enseigne ici sont très économiques et durables pour nous. Comme exemple la technique de repiquage des plants de riz. Je ne le faisais pas, je semais à la volée. Mais maintenant qu’au sein du CEP nous avons appris à passer par la pépinière et repiquer les plants, j’économise les semences, les autres intrants et l’entretien du champ est beaucoup plus aisé », raconte Codjo Joseph avant de conclure, « sans aucun doute, les pratiques que j’apprends ici, je les reproduirai sur toutes mes parcelles à la prochaine campagne culturale ».
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